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Laurène Pupin

Travailler en EMDR avec des patientes ayant subi un viol




Travailler en EMDR avec des patientes ayant subi un viol,


Résumé d'un article d’Amy Terrell, praticienne EMDR, superviseure EMDR, et formatrice EMDR dans l'Iowa.


Les femmes sont statistiquement les victimes les plus fréquentes d’agressions sexuelles.

Nous mettrons donc le genre des personnes victimes au féminin.


Dans le cadre de son travail, d’abord en tant que référente dans les situations de viol et maintenant en tant que thérapeute EMDR, Amy a été témoin du pouvoir de la relation thérapeutique pour aider les femmes à reprendre leur vie en main après un traumatisme sexuel.


Lorsqu'elle travaille avec une patiente qui a survécu à un viol, il y a une chose à laquelle elle est toujours attentive, c’est la relation. La relation de conseil est à bien des égards le reflet de toutes les relations, et nous devons connaître quelqu’un pendant un certain temps et lui faire confiance avant de pouvoir parler des moments les plus difficiles de notre vie. L’un des avantages de l’EMDR est que nous pouvons aider les survivantes à être soulagées par la désensibilisation des symptômes, souvent en peu de temps par rapport à d’autres thérapies du traumatisme. Le retraitement tend à être plus efficace avec les victimes de viol une fois que nous avons établi une solide alliance thérapeutique. La nature même du viol viole la survivante de la manière la plus personnelle qui soit, puisque le violeur tente de prendre le contrôle de l’esprit et du corps de la survivante. C’est pourquoi l’établissement d’une relation avec certaines victimes peut prendre du temps.


L’un des principaux défis auxquels sont confrontées les victimes de viol est que notre culture comporte de nombreuses normes et croyances concernant l’objectivation sexuelle des femmes et des jeunes filles : culpabilisation de la victime, déni du viol, minimisation de la responsabilité de l’agresseur et de son comportement.


Dans son dernier livre, le Dr Bessel van der Kolk évoque l’importance du langage et de la relation : « Trouver des mots là où il n’y en avait pas auparavant et, par conséquent, être capable de partager sa douleur et ses sentiments les plus profonds avec un autre être humain….surtout si d’autres personnes dans notre vie nous ont ignorés ou réduits au silence. Communiquer pleinement est le contraire d’être traumatisé » (van der Kolk, p. 239, 2014). Lorsque nous fournissons aux survivantes une psychoéducation concernant le viol, nous créons également un langage partagé avec la patiente. Un langage qui est contre-culturel et qui a une capacité de guérison. Il est important de clarifier plusieurs points avec les victimes de viol. Amy parle aussi de "survivante" et n'emploie pas toujours le mot "victime". Les mots sont importants pour ne pas enfermer les personnes dans un statut particulier.


Il n’est pas surprenant que la majorité des victimes de viol aient une croyance négative (cognition négative) dans la catégorie de la responsabilité. Cette croyance est difficile à remettre en question car elle est littéralement ancrée dans notre culture. Les croyances socioculturelles communes préparent le terrain pour les croyances négatives liées à la responsabilité, notamment la culpabilisation de la victime, le manque de compréhension des définitions juridiques du viol, ainsi que certaines croyances religieuses.

L’une des choses les plus étranges et les plus dévastatrices que notre culture fait en réponse à un viol est de blâmer la victime.


Les survivantes peuvent partager ce même raisonnement avec leur croyance négative de responsabilité. Elles peuvent penser que si elles se croient responsables d’une manière ou d’une autre, elles ont un certain contrôle sur l’avenir. Tant qu’elles ne refont pas CETTE chose, elles peuvent être en sécurité à l’avenir. Bien entendu, toutes les victimes de viol n’ont heureusement pas une conception négative de la responsabilité .


Les survivantes peuvent avoir bu au moment de l’agression sexuelle et, si c’est le cas, cela fait inévitablement partie du récit de la responsabilité et de la honte. C’est l’occasion de discuter du fait que la consommation d’alcool n’est pas synonyme de viol. Lorsque nous choisissons de boire, nous savons qu’il y a des conséquences naturelles. Par exemple, si je bois, je peux me sentir pompette ou ivre. Si je bois trop, je peux me sentir malade ou avoir la gueule de bois, etc. Ce sont toutes des conséquences naturelles de la consommation d’alcool. Cependant, le viol n’est pas une conséquence naturelle de la consommation d’alcool. Oui, certains auteurs utilisent l’alcool comme une arme, mais le viol n’est pas une conséquence naturelle de la consommation d’alcool.


L’idée irrationnelle selon laquelle les femmes devraient d’une manière ou d’une autre se battre contre l’agresseur doit également être remise en question. Cette croyance illustre à nouveau un message culturel concernant le viol. Nous entendons rarement des déclarations similaires concernant d’autres types de crimes violents. Avez-vous déjà entendu quelqu’un demander à une victime de vol : « Vous êtes-vous débattue ou avez-vous crié ‘non’ ? » 

Nous entendons souvent parler de la réaction de survie « combattre ou fuir », mais en réalité, la réaction la plus courante des femmes et des enfants agressés est de s’immobiliser ou de se soumettre. En outre, les personnes qui ont une réaction d’immobilisation présentent un risque accru de TSPT. La réaction d’immobilisation ou de soumission se produit parce que le cerveau de survie est conçu pour décider rapidement (et souvent sans conscience) de la meilleure façon de survivre. Historiquement, la menace pour les femmes et les enfants est un homme adulte, que la plupart des femmes et la quasi-totalité des enfants peuvent difficilement dépasser ou vaincre, de sorte que la meilleure option pour le cerveau est de se figer ou de se soumettre. Expliquer cela aux survivantes est très valorisant pour celles qui ont réagi au viol en se figeant ou, en fin de compte, en se soumettant. Les informations psycho-éducatives de ce type dans la phase de préparation augmenteront les informations adaptatives nécessaires pour aider les victimes de viol à guérir plus rapidement. 





Les patientes susceptibles de témoigner au tribunal doivent recevoir un consentement éclairé concernant l’impact de faire une thérapie EMDR avant leur témoignage. En effet, Amy confirme qu'un témoin qui reçoit un traitement EMDR peut être moins émotif dans la salle d’audience.  Cependant, un résultat important de la thérapie EMDR peut être par conséquent un témoignage plus cohérent que celui d’une survivante submergée par l’émotion.


Le traitement EMDR est aussi une option efficace pour les aspects perturbants spécifiques du viol, tels que les propos blessants ou honteux d’un proche ou d’une autre personne.


L’EMDR est un outil merveilleux pour aider les femmes à se réapproprier leur vie après un viol.


Note de l’auteur: Amy a intentionnellement utilisé le mot « viol » dans cet article, car le terme « agression sexuelle » est très large. Elle écrit ici sur le crime spécifique qu’est le viol et pense que l’utilisation du mot « viol » peut être utile à la patiente, car elle peut avoir l’impression que l’on minimise le viol qu’elle a subi si on emploie un autre terme.  


Lire l’article complet en ligne sur le site emdrandbeyond

Article publié en anglais – accès libre en ligne

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